Association CO.U.R.R.I.E.L, Vivre en français c'est déjà résister rejetons le tout-anglais de la finance !

A MADAME NATACHA POLONY, DIRECTRICE DE LA RÉDACTION DE MARIANNE

Chère Madame, je vois que Marianne s’engage de plus en plus dans l’indispensable combat linguistique contre le tout-anglais. Je vous propose donc d’y publier dès que possible la tribune suivante.
Merci d’avance pour votre attention.

Georges Gastaud, philosophe, président de l’Association CO.U.R.R.I.E.L
Dernier livre paru : Lumières communes, traité de philosophie générale en cinq tomes, Delga, réédition 2020..

Ensemble, résistons au « tout-globish »
de la mondialisation capitaliste !

UNE POLITIQUE LINGUISTIQUE TOTALITAIRE : le TOUT-GLOBISH

Chaque jour en effet, notre langue recule du fait d’une politique linguistique inavouable qui, sans le moindre débat citoyen et parlementaire, procède à l’arrachage du français au profit du tout-globish. On n’en est plus désormais aux seuls « anglicismes », ni même au « franglais » jadis dénoncé par Etiemble, mais bien à la substitution systématique au français de l’anglo-américain des affaires, et cela en tous domaines : pubs et enseignes commerciales, « com » interne et externe des grandes entreprises, cinéma et chanson, Recherche et Université, etc. Même les services publics en voie d’euro-privatisation, SNCF, EDF, Poste, etc. se vendent en globish au public français traité avec mépris[1].
Ce basculement rapide à l’anglo-américain des affaires est à la fois porté par le MEDEF (dont l’ex-dirigeant, le Baron Sellières, voulait déjà en 2004 faire de l’anglais « la langue des affaires et de l’entreprise »), par la Commission de Bruxelles, dont la présidente veut à tout prix – en plein Brexit ! – faire de l’anglais la langue des institutions européennes, mais aussi par les partisans des Traités transatlantiques néolibéraux (CETA, TAFTA, etc.) qui, pour casser partout salaires et normes sociales, veulent imposer une langue unique transcontinentale, socle à venir d’un effrayant marché mondial unifié de la force de travail : énorme danger pour les salaires, pour la protection sociale et pour les services publics que le Conseil National de la Résistance avait tenté de soustraire au « tout-marché » en 1945… On voit même désormais des présidents de Collectivités territoriales et de « Métropoles » qui, sans crainte du ridicule et de l’illégalité (« le français est la langue des services publics », dispose la loi Toubon d’août 1994), rebaptisent odieusement en globish leurs « territoires » respectifs (Loire Valley, In Annecy Mountains, Only Lyon, etc.) tout en livrant le peuple et la jeunesse de France gavés de globish bas de gamme à une humiliante colonisation culturelle…

MACRON COMPLICE !

Loin de mettre fin à cette aliénation linguistique, les gouvernements successifs soumis à l’euro-mondialisation néolibérale, de Sarkozy à Macron en passant par Hollande, « accompagnent » l’américanisation galopante du pays. Macron bat tous les records de servitude volontaire en présidant, en France même, des « évènements » nommés en anglais (tout récemment le, « One Planet Summit » organisé à Paris. De même, sa secrétaire d’Etat aux universités, Mme Frédérique Vidal veut désormais obliger tout étudiant désireux de s’inscrire en licence à présenter une certification d’anglais délivrée par le privé, la maîtrise de toute autre LV que l’anglais étant tenue pour quantité négligeable. Ne parlons pas de l’audiovisuel public « français » qui, ignorant les expressions françaises existantes (et leurs équivalents français proposés par les commissions officielles de terminologie !) nous gavent en continu de « clusters », de fake news, de click and collect, de step by step et autre black Friday sans souci aucun pour les non anglophones et pour les amateurs de cultures, de chansons, de « séries » autres que celles qui nous viennent du sacro-saint « monde anglo-saxon »…

VIGILANCE LINGUISTIQUE et RESISTANCES POPULAIRES, MÊME COMBAT !

Nous tous qui refusons que dépérisse notre langue – et avec elle notre pays et les pays de la Francophonie internationale (alors que nombre de pays d’Afrique francophone affichent leur dynamisme, sans parler du Québec, et que le français est la LV II la plus enseignée au monde), nous qui refusons la langue unique mondiale fauteuse de pensée, d’économie et de politique uniques, nous qui mettons en question cette « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » chère à l’UE qui n’apporte plus qu’inégalités sociales, délocalisations industrielles, privatisations, fusions transnationales dévastatrices, reculs sociaux et casse culturelle, refusons de suivre ces « collabos de la pub et du fric » (l’expression est de Michel Serres) qui, du même pas, dévastent les langues, les acquis sociaux, le « produire en France » et la souveraineté des peuples. Rappelons, avec Umberto Eco, que « la langue de l’Europe, c’est la traduction ». Exigeons l’application et le renforcement de la Loi Toubon de 1994.
Car en protégeant le français du tout-globish, nous défendrons aussi, de manière authentiquement internationaliste, toutes les langues et toutes les cultures de France et du monde[2]. Refusons la casse linguistique comme nous refusons la casse sociale et démocratique. En refusant le tout-globish, préservons aussi la diversité des langues, aussi vitale pour l’avenir d’une culture digne de l’homme que la diversité des espèces est indispensable aux équilibres du monde naturel !

Notes de pied de page

  1. ^ Quelques exemples criants : « Ma french Bank » (Poste), « Pulse » (EDF), « TGV Night » (SNCF)…
  2. ^ Le tout-globish cher au grand capital sape aussi le british english et détruit toute diversité culturelle, y compris celle qu’apportent nos langues régionales, ce patrimoine national qu’il ne faut pas opposer, à des fins séparatistes combien réactionnaires, à la langue commune de la République...

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